Enjeux biologiques et génétiques
Environnement et milieu de travail
– Le diabète de type 2 chez les populations autochtones du Canada
Contexte
La prévalence du diabète de type 2 et des complications connexes a augmenté dans les populations autochtones canadiennes (Harris et al., 1997; Pioro et al., 1996; Bruce, 2000). Malgré le fardeau de plus en plus lourd que représente le diabète de type 2 dans les collectivités autochtones canadiennes (Harris, 1997; Young, 2000; Bruce, 2000), il y a très peu d'information disponible concernant les facteurs de risque pour les complications du diabète de type 2 dans cette population. On estime que la prévalence dans les Premières Nations serait jusqu'à cinq fois plus élevée que la moyenne nationale. Les deux tiers des membres affectés des Premières Nations sont des femmes (Santé Canada, 2007). L'incidence du diabète de type 2 chez les enfants inuits et autochtones est elle aussi en hausse (PHAC, 2005).
Risque pour la santé
Les facteurs de risque pour le diabète de type 2 se divisent entre les facteurs modifiables et les facteurs non modifiables. Le surpoids et l'obésité (habituellement associés à un indice corporel plus élevé et à un pourcentage élevé d'adiposité) est le principal facteur de risque modifiable (Harris, 1997; Daniel et al., 1999; Wang, 2004). Le manque d'exercice physique (Lévesque, 2004; Giles, 2007; Thompson, et al., 2000) et un régime alimentaire à forte densité énergétique (Gittleson et al., 1996; Thompson et al., 2000; Rowley et al., 2000) sont deux autres grands facteurs de risque modifiables du diabète de type 2. L'ethnicité, un des facteurs de risque non modifiables, joue un rôle important. Les Autochtones courent un risque accru de diabète de type 2 parce qu'ils sont génétiquement prédisposés à développer cette maladie (Szathmary, 1994; Polex et al., 2006; Ben-Haroush, 2004; Van Oostdam, 2006). Il y a aussi une forte association avec l'âge et avec les antécédents familiaux. La prévalence du diabète de type 2 augmente rapidement avec l'âge, un risque élevé étant associé aux personnes de plus de 45 ans. Cependant, lorsque l'âge s'accompagne d'autres facteurs de risque tels que l'obésité, un régime alimentaire à forte densité énergétique et un manque d'activité physique, les chances de développer la maladie augmentent. D'autres analyses suggèrent que certains facteurs de risque pour le diabète de type 2 ne peuvent pas être inclus dans la catégorie des facteurs de risque modifiables ni dans celle des facteurs de risque non modifiables. Ces facteurs de risque « transitoires » comprennent le diabète sucré de la grossesse, les politiques de colonisation, les circonstances sociopolitiques passées et présentes, le régime de soins de santé, etc.
Gestion des risques
L'Initiative sur le diabète chez les Autochtones (IDA) est un des quatre volets de la Stratégie canadienne sur le diabète (SCD). La SCD vise à offrir une approche globale, participative et intégrée afin de réduire le diabète chez les Autochtones. L'IDA comprend deux programmes : le Programme pour les membres des Premières nations dans les réserves et les Inuits dans les collectivités inuites (PMPNRICI), et le Programme de prévention et de promotion auprès des Métis, des Autochtones hors réserve et des Inuits en milieu urbain (PPMAHRIMU). En 2005-2006, Santé Canada a procédé à la mise en œuvre du Fonds de transition pour la santé des Autochtones (FTSA). Le FTSA vise à améliorer l'accès de tous les Autochtones aux services de santé ainsi que la qualité de ces services par une meilleure adaptation et intégration des programmes et services fédéraux, provinciaux et territoriaux. L'IDA et le FTSA sont administrés par un comité directeur national comptant des représentants des collectivités autochtones.
Les stratégies de prévention et d'intervention de la SCD visent à réduire le risque de diabète en repoussant l'apparition de la maladie. Comme le diabète de type 2 est une maladie chronique évitable avec des facteurs de risque modifiables, prendre des mesures préventives est un moyen efficace de réduire le futur fardeau de morbidité. Des interventions efficaces permettront d'améliorer l'état de santé et la qualité de vie des peuples autochtones (ministère de la Santé, 2006). Les stratégies d'intervention reposent sur une approche holistique détaillée et donnent accès à une gamme complète de services de soins de santé et de traitements appropriés et adaptés à la culture.
Pour gérer les risques de diabète de type 2, on peut adopter les stratégies suivantes, dont beaucoup ont été intégrées à la SCD :
a) Approche axée sur la santé de la population : Ce genre d'approche encourage l'activité physique, une saine alimentation et le maintien d'un poids santé par la participation communautaire, profitant ainsi à toute la population;
b) Approche axée sur les personnes les plus à risque, comme celles qui ont des antécédents familiaux de diabète ou d'intolérance au glucose, avec des interventions ciblées, comme des programmes d'éducation en matière de santé et de modification du comportement;
c) Stratégies communautaires : Les programmes communautaires de promotion de la santé et de prévention profitent à la population à risque et peuvent répondre aux besoins particuliers identifiés par les membres de la collectivité; des solutions réalisables sont suggérées par la collectivité;
d) Politiques ou programmes en matière de santé : Les décisions relatives aux politiques et aux programmes de santé autochtone devraient être fondées sur les besoins et les éléments probants, et planifiées de manière stratégique afin d'avoir la plus grande incidence possible sur la santé de la population autochtone;
e) Participation des intervenants : Comme il est mentionné plus haut, l'OMS (2001) et la SCD (mise en œuvre en 2006) reconnaissent l'importance d'une représentation directe des populations vulnérables et de l'intégration du point de vue autochtone au processus d'élaboration des politiques et de prise des décisions en matière de santé, ce qui est essentiel pour améliorer l'état de santé des populations autochtones.
Liens utiles
(CDA) Canadian Diabetes Association. (2003). Clinical Practice Guidelines for the Prevention and Management of Diabetes in Canada.
http://www.diabetes.ca/cpg2003/
CCSD (Canadian Council on Social Development). (2000). URBAN POVERTY IN CANADA: A STATISTICAL PROFILE. Kevin K. Lee. http://www.ccsd.ca/pubs/2000/up
Health Canada. (2007).
http://www.hc-sc.gc.ca/fnih-spni/pubs/diseases-maladies_e.html#diabete.
WHO. (2002). The World Health Report: Reducing Risks, Promoting Healthy Life. http://www.who.int/whr/2002/en/
Lectures complémentaires
Ben-Haroush, Y. Yogev and M. Hod. (2004). Epidemiology of gestational diabetes mellitus and its association with Type 2diabetes. Diabetic Medicine. 21(2):pp103–113
Bruce, S. (2000). Prevalence and Determinants of Diabetes Mellitus Among the Me´ tis of Western Canada AMERICAN JOURNAL OF HUMAN BIOLOGY 12:542–551
Giles, B. G., Findlay, C. S., Haas, G., LaFrance, B., Wesley Laughing, W., Pembleton, S. (2006). Integrating conventional science and aboriginal perspectives on diabetes using fuzzy cognitive maps. Integrating conventional science and aboriginal perspectives on diabetes using fuzzy cognitive maps. Social Science and Medicine. 2007 Feb;64(3):562-76
Gittelsohn J, Harris SB, Thorne-Lyman AL, Hanley AJ, Barnie A, Zinman B. Journal of Nutr. (1996). Body image concepts differ by age and sex in an Ojibway-Cree community in Canada, 126(12):2990-3000.
Harris SB, Gittelsohn J, Hanley A, Barnie A, Wolever TMS, Gao J, Logan A, Zinman B. 1997. The prevalence of NIDDM and associated risk factors in Native Canadians. Diabetes Care 20:185–187.
Health Canada (2007). http://www.hc-sc.gc.ca/fnih-spni/pubs/diseases-maladies_e.html#diabete
Lévesque, L., Cargo, M. and Salsberg J. (2004) Development of the Physical Activity Interactive Recall (PAIR) for Aboriginal children, The International Journal of Behavioural Nutrition and Physical Activity, I(8)
Pioro MP, Dyck RF, Gillis DC. 1996. Diabetes prevalence rates among First Nations adults on Saskatchewan reserves in 1990: comparison by tribal grouping, geography and with non-First Nations people. Can J Public Health 87:325–328.
Public Health Agency of Canada (2005). Building a National Diabetes Strategy: A Strategic Framework. Published by the authority of the Minister of Health
Pollex, R. L., A J G Hanley, B Zinman, S B Harris & R A Hegele (2006), Clinical and genetic associations with hypertriglyceridemic waist in a Canadian aboriginal population, International Journal of Obesity. 30, 484–491.
Rowley KG, Gault A, McDermott R, Knight S, McLeay T, O'Dea K. 2000. Reduced prevalence of impaired glucose tolerance and no change in prevalence of diabetes despite increasing BMI among Aboriginal people from a group of remote homeland communities. Diabetes Care. Jul;23(7):898-904. Diabetes Care. Jul;23(7):879-81.
Szathmary, E. (1994). Non-Insulin Dependent Diabetes Mellitus among Aboriginal North Americans. Annual Review of Anthropology. 23: 457-482.
Thompson SJ, Gifford SM, Thorpe L. 2000. The social and cultural context of risk and prevention: food and physical activity in an urban Aboriginal community. Health Educ Behav. 27(6):725-43.
Van Oostdam J, Donaldson SG, Feeley M, Arnold D, Ayotte P, Bondy G, Chan L, Dewaily E, Furgal CM, Kuhnlein H, Loring E, Muckle G, Myles E, Receveur O, Tracy B, Gill U, Kalhok S. (2006). Human health implications of environmental contaminants in Arctic Canada: A review. Science of the Total Environment . Dec 1;351-352:165-246.
Wang Z, Hoy WE. (2004). Body size measurements as predictors of Type 2diabetes in Aboriginal people. International Journal of Obesity Related Metabolic Disorder. 28(12):1580-4.
Collaborateurs : Hasu Ghsoh
Dernière mise à jour : le 16 août 2012
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