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Questions sociales et comportementales
- Risque de blessure à la tête au hockey : Réduire la fréquence et la gravité des commotions cérébrales dans la Ligue nationale de hockey

Contexte
Lors de la troisième conférence internationale sur les commotions cérébrales dans le sport qui a eu lieu à Zurich, en Suisse (novembre 2008), un groupe d’experts est parvenu à un consensus sur la définition de commotion cérébrale dans le sport : processus pathophysiologique complexe qui affecte le cerveau et qui est provoqué par des forces biomécaniques traumatiques. Cette définition comprend également des détails sur la nature des blessures à la tête qui causent une commotion, tel le mécanisme de blessure, le début et la disparition des symptomes et les caractéristiques de l’imagerie des essais cliniques.

Étant donné la nature du hockey professionnel sur glace, les joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH) s’exposent à un risque élevé de commotion, puisque les mises en échec se produisent entre des joueurs de grande taille et à de grande vitesse. Macleans rapporte qu’il y a eu près de 50 cas de commotion dans la saison de la LNH 2010-2011. Le cas le plus médiatisé est celui du capitaine des Penguins de Pittsburgh, Sidney Crosby, qui a été blessé lors du match du 5 janvier, 2011 et qui a dû arrêter de jouer pour le reste de la saison.

 

Risque pour la Santé
Les symptômes d’une commotion peuvent se manifester immédiatement après la blessure ou dans les 24 heures suivantes. La nature des symptômes peut être physique ou mentale. Parmi ceux de nature physique, citons des maux de tête, des étourdissements, un bourdonnement d’oreilles, des nausées et/ou des vomissements et un trouble de l’élocution. Les risques pour la santé mentale incluent des problèmes de mémoire et de concentration, une difficulté avec les mouvements volontaires, la dépression et l’anxiété.


La perte de temps d’un joueur après une commotion cérébrale varie entre zéro (un retour immédiat au jeu) et 342 jours, avec une médiane de six jours par commotion. Entre la saison 1997-1998 et la saison 2003-2004, il y a eu 559 commotions diagnostiquées par un médecin; on détient des renseignements sur la perte de temps pour 529 de ces cas. Dans 69 % des cas (363/529), les joueurs ont manqué jusqu’à dix jours de jeu sans restrictions et dans 31 % (166/529) des cas, plus de dix jours en raison des symptômes d’une commotion cérébrale. De plus, pour ce qui est des cas de commotion pour lesquels la perte de temps a été supérieure à dix jours, le pourcentage est passé de 19 % à 43 % par saison.

Dans le cadre de la seule étude prospective dans laquelle on a analysé sept saisons de la LNH (de 1997 à 2004), on a noté que, dans 368 (69,2 %) cas, il s’agissait de la première commotion subie par le joueur; dans 116 (21,8 %) cas, de la seconde; dans 32 (6,02 %) cas, de la troisième; dans 12 (2,26 %) cas, de la quatrième; et incroyablement, dans quatre (0,75 %) cas, de la cinquième. Le test de régression linéaire montre que la perte de temps moyenne augmente de 2,25 fois (IC 95 % : 1,41-3,62) pour chaque commotion supplémentaire subie lors de la période d’étude.

Il est intéressant de noter que 162 (30,5 %) commotions ont été subies par des joueurs de centre, 167 (31,4 %) par des défenseurs, 179 (33,6 %) par des ailiers et 24 (4,5 %) par des gardiens de but. Il se peut que ces chiffres varient légèrement puisque pour 27 cas, on ne dispose pas de l’information sur la position du joueur.

Pour 559 cas de commotion, les premiers symptômes déclarés ont été les suivants (du plus fréquent au moins fréquent): Maux de tête (71 %); Étourdissements (34 %); Nausée (24 %); Douleur au cou (23 %); Manque d’énergie ou fatigue (22 %); et Vision brouillée (22 %).

Une amnésie (antérograde ou rétrograde) a été notée dans 21 % des cas et une perte de conscience dans 18 % des cas; la période moyenne de perte de conscience est de 19,3 secondes (allant de 1 à 300 secondes). Un fait encore plus préoccupant est que dans 69 % (~386) des cas, le médecin de l’équipe a indiqué que le joueur présentait un à trois symptômes et que dans 20 % (~112) des cas, le joueur présentait quatre symptômes ou plus. Dans 73 des cas (13 %), le médecin de l’équipe a signalé que les résultats de l’examen neurologique étaient anormaux.

Une régression linéaire basée sur les données après correction des variations dues à l’âge et à la position du joueur révèle que la perte de temps était presque le double (1,89, IC 95 % : 1,53-2,34) chaque fois que l’on ajoute un symptôme associé à une commotion. De plus, une autre analyse de régression montre que les maux de tête, la perte de conscience, le manque d’énergie ou la fatigue, et l’hypersensibilité à la lumière sont des signes précurseurs d’une perte de temps de plus de dix jours. Après correction des variations dues à l’âge et à la position du joueur, les maux de tête et le manque d’énergie ou la fatigue s’avèrent des facteurs importants pour les joueurs qui ont enregistré une perte de temps plus longue.

 

Gestion des Risques
Une option règlementaire que la LNH pourrait prendre consiste à rendre obligatoire l’équipement de protection faciale (protecteur facial et protège-dents) pour tous les joueurs. Selon les ouvrages scientifiques, bien que ce type de protection ne diminue pas le taux d’incidence des commotions, il pourrait en réduire la gravité de manière à accélérer le retour au jeu.

Par ailleurs, le type de casque utilisés par les joueurs devrait être réévalué. Cet équipement sert non seulement à protéger les joueurs des blessures, mais également à leur permettre de continuer à jouer. Les casques utilisés actuellement sont construits pour protéger les joueurs des impacts linéaires (lorsqu’un joueur tombe sur le dos et se frappe la tête sur la glace). Bien que ces casques protègent les joueurs contre des blessures catastrophiques à la tête (fractures du crâne), ils ne les protègent pas contre les commotions. Toutefois, la nouvelle technologie, comme le casque « M11 » du membre du Temple de la renommée du hockey, Marc Messier, pourrait constituer une meilleure protection contre les commotions pour les joueurs. Ce casque contient un système de doublure qui permet de mieux contrôler le transfert d’énergie d’un impact direct que le modèle conventionnel. 

On doit organiser des séances de sensibilisation à l’intention des joueurs, des entraîneurs, des directeurs généraux, des médecins d’équipe, des formateurs et des familles des joueurs pour les aider à se familiariser avec tous les symptômes associés à une commotion et à mieux comprendre les conséquences à long terme. Si les joueurs comprennent mieux ce type de blessure, ils craindront moins d’informer le médecin de l’équipe s’ils présentent des symptômes liés à une commotion.

Enfin, les responsables du programme relatif aux commotions de la Ligue nationale de hockey et de l’Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey doivent poursuivre leurs travaux et leur recherche sur les commotions dans la LNH. De plus, ils devraient songer à recueillir également des données sur l’aspect psychologique des blessures. Bien qu’un joueur puisse se sentir mieux physiquement, on ne dispose d’aucune donnée pour s’assurer qu’il soit bien mentalement. Au final, la LNH ainsi que les amateurs de hockey profiteront tous deux d’une meilleure compréhension des commotions cérébrales.

Liens utiles

The Official National Hockey League Website
http://www.nhl.com  

The Hockey News
http://www.thehockeynews.com  

The National Hockey League Players’ Association
http://www.nhlpa.com  

Sports Legacy Institute
http://www.sportslegacy.org/

The New York Times: Concussions
http://health.nytimes.com/health/guides/disease/concussion/overview.html 

 

Lectures complémentaires

Benson, B. W., Meeuwisse, W. H., Rizos, J., Kang, J., & Burke, C. J. (2011). A prospective study of concussions among national hockey league players during regular season games: The NHL-NHLPA concussion program. Canadian Medical Association Journal, 183(8), 905-911.

Benson, B. W., Rose, M. S., & Meeuwisse, W. H. (2002). The impact of face shield use on concussions in ice hockey: A multivariate analysis. British Journal of Sports Medicine, 36(1), 27-32.

Daneshvar, D.H., Baugh, C.M., Nowinski C.J., McKee A.C., Stern, R.A., Cantu, R.C. (2011) Helmets and mouth guards: The Role of personal equipment in preventing sport-related concussions. Clinics in Sports Medicine, 30(1), 145-163.

McCrory, P., Meeuwisse, W., Johnston, K., Dvorak, J., Aubry, M., Molloy, M., & Cantu, R. (2009). Consensus statement on concussion in sport – the 3rd international conferenceon concussion in sport, held in Zurich, November 2008. Journal of Clinical Neuroscience, 21(1), 6-763.

 

Collaborateur : R. Cagaanan

Dernière mise à jour : le 21 Octobre 2013

 


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